Le Projet IPRODI (Mali-Nord)

Le Projet IPRODI, ancien Programme Mali-Nord, rentre dans le cadre du Projet IPRO REAGIR et constitue un programme d’appui au Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP) du Ministère de l’Agriculture, sous la tutelle de la Direction Nationale du Génie Rural (DNGR). Il contribue à l’atteinte de ses objectifs.

Les activités dans le Delta intérieur, réalisé par le Projet IPRODI et son prédécesseur, le Programme Mali-Nord, datent de plus de 15 ans. Au cours des 15 dernières années, environ 645 périmètres d’irrigation et presque 200 mares ont été aménagés, ce qui a eu un impact remarquable sur la région. Dans leur grande majorité, les périmètres ont été épargnés par la crise politique et militaire de 2012/2013 et sont toujours exploités aujourd’hui, ancrés dans les vies des populations. Avec plus de 130.000 tonnes de riz récoltés par an, ces périmètres forment la base économique de la zone, où vivent plus d’un million de personnes.

IPRODI est mis en œuvre depuis 2015 et présente la suite du Programme Mali-Nord. Depuis 2017, le projet fait partie de IPRO REAGIR. Une deuxième phase IRPODI / REAGIR II est démarrée en décembre 2018 pour une durée de 48 mois.

Le Projet est réalisé dans le Delta intérieur dans les régions de Tombouctou et Mopti :

  • Région de Tombouctou : Cercles de Niafunké, Goundam, Diré, Gourma-Rharous et Tombouctou) et ;
  • Region de Mopti : Cercle de Youwarou et Tenenkou. Avec le démarrage de la Phase IPRODI-REAGIR II, la zone d’intervention a été élargie, couvrant additionnement le cercle de Tenenkou.

Les objectifs du PNIP servent d'orientation générale pour les interventions du Projet. L’objectif spécifique du Projet est d’augmenter la production agricole à travers l’irrigation de proximité et assurer un meilleur accès aux marchés pour contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et la création d’emplois et la stabilité dans les régions de Tombouctou et Mopti.

Entre 2015 et septembre 2018, IPRODI, a aménagé 11900 ha sur 293 périmètres irrigués villageois (PIV) (nouveaux et réhabilités) ainsi que 400 ha sur 40 PIM. En même temps, 108 mares ont été aménagées et réhabilités sur plus de 37400 ha.

IPRODI-REAGIR Delta intérieur (Programme Mali-Nord/IPRODI) (2015-2019) : Résultats attendus et taux de réalisations en Septembre 2018

Financement canadien (2015-2019)

  • Établissement de 80 périmètres irrigués villageois sur une superficie de 40 ha (taux de réalisation : 100%) ;
  • Consolidation de 96 périmètres irrigués villageois (PIV de 40 ha) sur 3200 ha (taux de réalisation : 100%) ;
  • Aménagement de 20 nouvelles mares et travaux à haute intensité de main d’œuvre sur 4000 ha (taux de réalisation : 125%) ;
  • Consolidation de 20 mares et travaux à haute intensité de main d’œuvre sur 4000 ha (taux de réalisation : 120%) ;
  • Construction de 3 magasins de stockage (taux de réalisation : 100%) ;
  • Mobilisation et appui à la population dans toutes les phases de réalisation en vue de l’appropriation, l’exploitation, la mise en valeur et la valorisation des aménagements ;
  • Réalisation des mesures de renforcement des capacités des exploitants et du comités de gestion (sensibilisation, organisation et formation des groupes cibles à la gestion et l’entretien des aménagements ainsi qu’à l’intensification, la diversification et la commercialisation améliorée de la production agricole le calcul des redevances « food for work ».

Financement allemand (2016-2017)

  • Etablissement de 38 périmètres irrigués villageois (PIV de 40 ha) sur 1520 ha (taux de réalisation : 134%) ;
  • Réhabilitation de 66 périmètres irrigués villageois (PIV de 40 ha) sur 2640 ha, (taux de réalisation : 100%) ;
  • Aménagement de 12 mares et travaux à haute intensité de main d’œuvre sur 2400 ha (taux de réalisation : 225% des mares aménagés et 596% des superficies) ;
  • Consolidation de 18 mares et travaux à haute intensité de main d’œuvre sur 3600 ha (taux de réalisation : 100% mares et 402% de superficie réalisés) ;
  • Construction de 2 magasins de stockage (de 500 t chacun) et livraison de 2 bacs à perche (taux de réalisation : 100%) ;
  • Mobilisation et appui à la population dans toutes les phases de réalisation en vue de l’appropriation, l’exploitation, la mise en valeur et la valorisation des aménagements ;
  • Mesures de renforcement des capacités des exploitants et du comité de gestion (sensibilisation, organisation et formation des groupes cibles à la gestion et l’entretien des aménagements ainsi qu’à l’intensification, la diversification et la commercialisation améliorée de la production agricole, le calcul des redevances, la gestion des tours d’eau et la récupération et le stockage, le calcul des redevances « food for work ».

IPRODI-REAGIR II Delta intérieur (Programme Mali-Nord/IPRODI) : Résultats attendus de la deuxième phase d’IPRODI-REAGIR II de décembre 2018 à décembre 2022 sont :

    • Le potentiel hydro-agricole de l’IP est davantage aménagé, 18.900 hectares de périmètres irrigués et inondés sur 191 sites (nouveaux et réhabilités),
    • Une augmentation de la production agricole et des revenus de la population bénéficiaire, au moins 30% de plus que ceux non aménagés. En détails, les investissements suivants sont prévus :
      • La construction de 107 nouveaux périmètres irrigués villageois (PIV) à pompage et la réhabilitation de 10 PIV ;
      • L’aménagement de 50 nouvelles mares ;
      • La construction de 20 périmètres maraîchers ;
      • La construction de 2 magasins de stockage ;
      • La construction de 4 nouveaux bacs avec une capacité de charge de 15 tonnes (2) et de 5 tonnes (2).

En résumé, ces actions contribueront à aménager et réhabiliter environ 18.900 hectares de périmètres irrigués et mares. La production annuelle attendue est de 32.000 t de céréales (notamment de riz) et de 9.400 t de légumes (en période de contre saison).

La mise en œuvre des activités de IPRODI suit le cadre stratégique du PNIP qui s’articule autour de quatre principes directeurs :

  • Une demande motivée : à travers une approche participative,
  • Un aménagement durable et efficient,
  • Un développement décentralisé, déconcentré et harmonisé,
  • Un cadre de référence d’intervention et de pilotage concerté et harmonisé.

L’approche participative inclut la demande motivée par les populations bénéficiaires et constitue le principe fondamental de la mise en œuvre des activités. Les interventions visent à l’implication des bénéficiaires et des communautés locales à toutes les étapes des planifications, du début, la demande en passant par l’identification, la conception du projet d’aménagement jusqu'à sa mise en valeur.

La gestion de conflits entre sédentaires (agriculteurs, éleveurs sédentaires) et les nomades à travers l’assurance de l’équilibre social constitue un principe fondamental des interventions. Une réunion de planification se tient en début de chaque phase pour déterminer les sites à aménager.

Depuis le début, le Projet IPRODI / Mali-Nord s’est doté d’un comité réservé aux personnes ancrées dans la zone d’intervention, y compris au sein de la population. Dans le souci de rassurer les différentes communautés de sa zone d’intervention, le Programme a demandé à certains des notables originaires de la zone d’intervention, acceptés par leur communauté respective, toutes ethnies confondues, de lui servir d’instance consultative. Il s’agit, pour la plupart, d’hommes ayant exercé de hautes fonctions politiques et administratives au Mali. Tous membres s’engagent bénévolement.

Le comité consultatif aide à fixer les grandes orientations du Programme, se prononce sur l’opportunité des investissements importants et veille à l’équilibre des interventions entre les communautés concernées et à l’intégration de toutes les parties prenantes. Il intervient pour le règlement d’éventuels litiges fonciers. Vis-à-vis de l’Etat et des groupes cibles, le comité consultatif veille à l’équilibre des investissements dans la zone d’intervention pour chaque campagne d’aménagement.

De plus, les interventions sont guidées par l’implication et la pleine adhésion des collectivités territoriales ainsi que des partenaires étatiques au niveau régional et local dans l’accompagnement des populations bénéficiaires dans le but de promouvoir un développement décentralisé et déconcentré. L’évaluation de l’impact et du suivi environnemental et social fait partie intégrale de la planification et réalisation des infrastructures.

Autre approche clé est la valorisation du savoir local. Dans cette optique l’essentiel des travaux est fait par la population elle-même (HIMO). Une partie des travaux de construction des PIV est réalisée dans le contexte « cash/ food for work «.

La gestion quotidienne du Projet est exécutée par une Unité d’Exécution (UE) installée à Bamako (gestion à distance en vue de la situation sécuritaire dans la zone d’intervention), avec quatre antennes. L’UE est cogérée par le Coordinateur de l’Equipe de l’Ingénieur-Conseil et le Coordinateur Regional. Ce principe implique une responsabilité partagée de la réussite du Projet et de toutes ses étapes.

Les activités du Projet sont organisées au sein de trois volets techniques :

  • Volet 1:Aménagements hydro-agricoles (PIV, mares, seuils d’épandage etc.), pistes d’accès villageoises, magasins de stockage. Le volet 1 inclut toutes les activités de construction et de réhabilitation des infrastructures. Les investissements comprennent la fourniture de motopompes (avec participation financière des paysans), d’infrastructures complémentaires, d’intrants etc.)
  • Volet2 :Mise en valeur des aménagements hydro-agricoles (AHA) et valorisation des produits : Le volet 2 comprend les mesures de renforcement des capacités des exploitants et comités de gestion par rapport à la gestion et l’entretien des aménagements ainsi que l’intensification, la diversification et la commercialisation améliorée de la production agricole autour des micro-barrages. L’installation de mini-rizeries fait partie des activités de promotion de la commercialisation des produits.
  • Volet 3 : Capitalisation et diffusion des résultats et du savoir-faire : La diffusion et capitalisation est réalisée à travers différents moyens de communication (ateliers, documents, produits de communication etc.).

Le Projet intervient à plusieurs niveaux en coopération avec des partenaires au niveau national, régional et local.

Niveau National

Le PNIP constitue le cadre stratégique des activités. Le Ministère de l’Agriculture, à travers la Direction National du Génie Rural (DNGR) assure la tutelle technique ainsi que la coordination et le pilotage du projet en tant que maitre d’ouvrage.

Le poste de Secrétaire Technique Permanent (STP), créé en 2015, assure la coordination et le suivi global des projets individuels dans le cadre du PNIP.

Niveau Régional

L’UE et les Antennes travaillent en étroite collaboration avec les Directions Régionales du Génie Rural (DRGR) et les Directions Régionales de l’Agriculture (DRA).

Par ailleurs, le Projet a établi une coopération avec le Garage de Maintenance Agricole (GMA) de Diré pour le montage et le test des motopompes.

Niveau Local

Les collectivités territoriales sont l’interlocuteur principal pour les aménagements réalisés et sont chargées de la gestion d’accompagnement des AHA. Par ailleurs, les aménagements et livraisons dans le cadre du Projet font partie de la planification communale (PDSEC). En plus, dans cette zone d’intervention un comité consultatif, composé de notables originaires de la zone d’intervention, joue un rôle consultatif par rapport à la planification et l’identification des investissements.

En dehors des services étatiques, le Projet fait appel à des bureaux d’études pour la réalisation des études détaillées, à des entreprises de construction pour la réalisation des aménagements et à des bureaux spécialisés pour la supervision des travaux. D’autres prestataires privés, et organisations non gouvernementales (ONG) sont aussi impliqués pour l’animation, le renforcement des capacités des bénéficiaires, et l’appui à la mise en valeur/valorisation et commercialisation.

Partenaires techniques et financiers

Le Projet collabore étroitement avec le programme d’Appui au Sous-Secteur de l’Irrigation de Proximité (PASSIP) de la GIZ, qui s’engage à promouvoir et intensifier la valorisation des produits agricoles sur les sites qui ont bénéficié de l’appui du Projet IPRODI. Deux ans après leur réception provisoire, les sites aménagés seront transférés au PASSIP / à la DNA pour un accompagnement pendant la mise en valeur.

Le Projet bénéficie de financements à travers deux Conventions séparées, concernant les fonds canadiens signée le 11 février 2015 pour un montant de 19.335.271 CAD (6,9 milliards de FCFA), et celle des fonds BMZ, signée le 11 avril 2016 d’un montant de 8.000.000 EUR (5,24 millions de FCFA).

La nouvelle convention pour la mise en œuvre de REAGIR II / IPRODI dans le Delta intérieur, pour la période 2018-2022 a été signée en novembre 2018 avec un apport financier de 26,84 millions d'euros (17,5 milliards de FCFA), dont 1.732.278 millions d’euros de la Contrepartie financière nationale (soit 1.136.299.906 FCFA) et 24,5 millions d’euros (16,1 milliards de FCFA) de la KfW.

En plus du financement international, s’ajoutent des recettes obtenues par la vente des DAO et des intérêts créditeurs ainsi que la contribution de la contrepartie des bénéficiaires pour la construction des AHA.

PROGRAMME MALI-NORD - IPRODI
Badala-Est, Derrière Amandine.

Paul Loibl
Coordinateur de l’équipe de l’Ingénieur-Conseil Groupement : AHT – CES – BETICO
Tel. +223 90 13 96 38

Agatham Alhassane
Coordinateur Régional